La belle lettre d’ une spectatrice admirative !
OZENKI, à pleine voix
Encore allumée, la salle bruisse, papote, en attente.
La scène, tamisée, permet d’espérer.
Sur le plateau noir, en petites sentinelles dévouées les pupitres alignés.
Noir salle. Les respirations se suspendent.
Alors ILS apparaissent.
Damier longiligne, clavier vertical, ils avancent sans fard ni béret.
Chacun sait et prend sa place. Seconde d’éternité.
Et les voix s’élèvent vers les cintres, vers les cieux,
embrassées, sublimées par les guitares et l’accordéon.
Un homme qui chante n’a pas d’arme au poing.
Dix hommes qui chantent, c’est un chœur, dix cœurs à l’unisson.
De tout leur corps, debout, enracinés, s’envolent les accords.
La chorale Ozen sonne, se donne, ki basse qui baryton qui ténor.
On écoute, on communie à cette messe païenne.
On zieute aussi les chemises immaculées, retroussées sur les poignets virils,
les pantalons noirs sagement ceinturés,
les bouches, les lèvres, vibrantes de l’air brassé dans l’air harmonique.
ILS sont beaux
La langue basque vibrionne, renoue des liens ancestraux parfois distendus.
Nous voici préservés des sorcières et des bombes,
bercés, conviés au Banquet de la noce, invitées à danser à la fête du village.
Nous les suivons en Corse, nous les suivrions à Terre-Neuve, en terre neuve…
Mais lumière salle. Sale lumière ! Retour à Saint-Palais.
Dans la nuit noire, il pleut de jolies notes blanches.
Fafie Laherrère
après le concert du 7 novembre 2021 à Saint-Palais